Par Déborah Lechner
26 juillet 2021
MAJ : 24 décembre 2021
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La saison 2 de Kingdomest sortie début 2020 et aucune saison 3 n’a pour l’instant été confirmée, mais Netflix ne lâche pas sa série coréenne pour autant puisque la plateforme a sortiun épisode spécial de 93 minutes, Kingdom: Ashin of the North,qui fait office de prequel en remontant aux origines de l’épidémie zombie.ATTENTION SPOILERS SUR L’ÉPISODE ET LES DEUX SAISONS DE KINGDOM !
LES FLEURS DU MAL
Après les débuts de l’épidémie zombie et de l’embrasement du pays dans la première fournée, lasaison 2de Kingdom a recentré son intrigue sur le complot et les hautesautorités responsables du massacre, dévoilant tout un nouveaupan d’une toile de fondde plus en plus complexe(et on avait beaucoup aimé).
Dans les dernières secondes de l’épisode final,l’ancien prince héritier Lee Chang (Ju Ji-hoon) et la soignanteSeo Bi (Doona Bae) tombaient ainsisur une mystérieuse femme nommée Ashin (Jun Ji-hyun), qui semblait tirer les ficelles de cette conspiration royale et utiliserles zombies comme une arme de destruction massive, en plus d’être méchamment badass. Une figure de l’ombre au desseinmachiavélique qui présentait alors toutes les caractéristiques dela grande antagoniste de la série, bien que ses motivations quelque peuextrêmes restaient encore à découvrir.
La pièce maîtresse
C’est un des principauxbuts de cet épisode spécial, Ashin of the North, qui s’apparente d’ailleurs plus à un long-métrage prequel, pour lequel la scénaristeKim Eun-heeet le réalisateurKim Seong-hunont renoué avec l’univers médiéval et surtout renforcé sadimension géopolitique. Le spin-off n’hésite pas à empiler les cadavres, taillader et déchiqueter de la chair humaine dans des séquences horrifiques qui lorgnent parfois sur le B (la zombibiche et le tigre-zombie), mais se concentredavantage sur les machinations et manœuvres martiales deJoseon afin dese débarrasser de ses ennemis : les Jurchen et plus spécifiquement la tribu des Pajeowi.
Il s’agit de ce faitd’un autre coup de projecteur sur la misère et la stigmatisation des communautés rurales du royaume, une des thématiques que la série a décortiquéedans les deux précédentes saisons.Si le ton et l’atmosphère restentmacabres, le premier zombie n’apparaît ainsiqu’au bout d’une heure de visionnage, dans un dernier acte plus magistral qui permet àl’épisode de se rattacher aux événements de la série principale.
Future assashin
Ce retour aux origines du malpeutd’abord paraître confus, avec un manque de repères temporels, un texte introductif un peu trop denseet tout un tas de nouveaux noms à retenir, mais lesenjeux se dessinentassez vite. Tout enapprofondissant la mythologie de l’oeuvre, les spectateurs conservent plusieurspointsd’ancrage, en particulier la fleur violette qui permet aux morts de ressusciter et devient au fur et à mesure un instrument politique utilisé pourmettrela péninsule à feu et à sang (alors même que son existence et son pouvoir étaient connus depuis des décennies et que la nature semblait s’en accommoder).
Comme autre port d’attache, le spin-off a rappeléPark Byung-eunpourreprendre son rôle de Min Chi-rok, qui soupçonnait les malversations de la Reine infécondedans la saison 2 deKingdom. De la même façon,l’épisode témoigne à nouveau du manque de miséricorde des hautes instanceset du manque de loyauté duclan Haewon Cho, visiblement coutumier desincidents diplomatiques. En revanche, on peut douter de l’utilité immédiate de certains nouveaux personnages à l’instar d’Ai Da Gan (Koo Kyo-hwan). Il semble être le chef des cruels Pajeowi, mais n’a eu droit qu’à quelques brefs instants devant la caméra, la scénaristelui réservant peut-êtreson vrai quart d’heure de gloire dans la prochaine saison.
Phytothérapie
BEAT THEM ALL
Comme l’indique l’accroche à peine référencée de l’affiche : «vengeance is coming«.En plus de verser dans le thriller politique et legenre horrifique, Ashin of the Northse construit donc essentiellementcomme un thriller psychologique et un revenge movie qui retracele parcours chaotique d’une anti-héroïne succombant à la folie et la cruauté, les deux mauxresponsables de son malheur.Les épreuves et les traumatismes qu’elle a essuyés étant jeune (avec les traits de la très convaincante Kim Si-a)l’ont conduit à devenir une femme implacable, froide et terrifiante, dont le calme extérieur exacerbe la fureurintérieure, contenue sur le visage impassible de la vedette coréenneJun Ji-hyun.
Comme le zombie qui n’est qu’une métaphore de notre propre inhumanité gangrénant les sociétés, Ashin n’est donc que l’énième dommage collatéral d’une guerre de clans qui va se retourner contre ses bourreaux et mettre le feu aux poudres. Mais sa transformation enguerrière génocidaire est peut-être le trait le plus mal dégrosside la série, avec un renversement un peu trop manichéen, qui lui donne inévitablement un aspect plus théâtral et artificiel, même sicette dramaturgie reste assez efficace à défaut d’être originale.
La voie de la justice
En résumant un périple de plusieurs années en 90 minutes tout enbraquant l’objectif sur un seul personnage, le récit s’en retrouve inévitablement décousu par moments, avec beaucoup de passages d’exposition et un sous-développement flagrant de plusieurspersonnages qui restent unidimensionnelset dont la psychologie est à peine effleurée.On peut néanmoinsse réjouir de ne pas voir avec Ashin of the North un sous-produit de Kingdom, mais bien une parenthèse narrative et dramatique qui a bénéficié de la mêmeattention esthétique pour dépasser les ambitionsvisuellesdu format télévisuelet proposerun objet qui tend plus vers lacinématographie.
Que ce soit à traversla direction artistique, la photographie, la composition des plans,lesjeux de lumière, la variété des décors (forêts sombres, plaines plus verdoyantes, paysages désertiques et montagnes enneigées) ou des différents cadrages, cet épisode spécial nousrappelle que Kingdom est à ce jour une des propositions les plus ambitieuses et singulières du catalogue Netflix. On attend donc avec impatience l’annonce d’une troisième saison, mais aussi le prochain épisode spécial, qui devrait cette fois s’articuler autour des pérégrinations du Princehéritier, toujours interprété par Ju Ji-hoon.
Kingdom : Ashin of the North est disponible depuis le 23 juillet 2021 sur Netflix en France
Rédacteurs :
Déborah Lechner
Résumé
Avec unemise en scène et une direction artistique toujours travaillées et soignées, Kingdom : Ashin of the North étend la fresque politique de la série Netflix en élucidant le mystèrequi entourait l’origine de l’épidémie par le biais d'un nouveau personnage, qui ne demande qu'à revenirdans une troisième saison pour nuancer ou approfondir sa psychologie visiblement bien barrée.
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andarioch1
il y a 2 années
Beau film, à cent coudées au dessus de la plupart des produits hollywoodiens.
Et c’est un téléfilm en fait. Benmerdalors!
Mokuren
il y a 3 années
Belle critique ! Concernant le texte introductif trop dense, il ne parait pas aussi difficile de mémoriser le contexte quand on connait un peu l’histoire de Corée. Les Coréens sont censés savoir qui étaient les Jürchen (qui interviennent d’ailleurs dans d’autres dramas, comme My Country: The New Age, et dans des fictions chinoises). Evidemment, il est compréhensible que vous n’ayez jamais entendu ce nom, car l’histoire médiévale de l’Asie n’est pas enseignée en Occident. Et justement, j’apprécie que la scénariste nous appelle à faire ce petit effort, plutôt que de tout niveler par le bas pour s’adapter au public occidental. Les Jürchen, donc, ont leur page Wikipedia, pour ceux que ça intéresse.
luca
il y a 3 années
De la merde pour décervelé
Andarioch1
il y a 3 années
Bonne critique. Un bémol toutefois concernant le côté un peu «bâclé» du passage du personnage de victime à antagoniste sans pitié. Avec une certaine perversité la scénariste nous cache des choses (j’essaye de ne pas spoiler) que l’on ne découvre qu’à la fin, comprenant de fait qu’elle a pété son câble depuis un bout de temps. Un peu traitre mais cohérent.
Perso je suis preneur.
Sinon une production télé à cent coudées au dessus de nombre de blockbuster à un milliard (de profit) tant au niveau du scénario que de l’esthétique.
Laurent SFN
il y a 3 années
Bonne série…mais pas toujours évidente à appréhender, tant il y a de personnages, d’enjeux, de sous-quêtes, bien au delà de cette histoire de zombies. Faire une série de préquelles sous forme de téléfilms pour approfondir certains personnages ou situations est une bonne idée.
Ninia
il y a 3 années
Série de grande qualité !
DH
il y a 3 années
J’adore cette série elle est excellente que ça continue
Szalem
il y a 3 années
La série est excellente!
Reste à attendre la saison 3 maintenant…
Merci pour la critique!